Dominique Vidal, journaliste et Leila Shahid, ex- déléguée générale de l’Autorité palestinienne étaient présents Vendredi 7 octobre 2016 à la Bourse du Travail pour la 13e Edition du Festival Origines Contrôlées.
Nous avons débattu en prenant appui 10 ans après sur le livre de Leila Shahid et de Dominique Vidal « Les Banlieues, le Proche- Orient et nous ».
Dominique Vidal commence en revenant sur le contexte raciste en France aujourd’hui en expliquant que ces phénomènes de racisme sont alimentés par la propagande et le mensonge. Dans ce contexte, l’islamophobie est un phénomène sans précédent en France « il s’agit d’un phénomène consensuel ou quasiment consensuel. »
« La technique est simple c’est de faire porter la religion musulmane et aux musulmans, la responsabilité de tous les maux (…) qu’il s’agisse des guerres au Proche Orient (…) ou bien qu’il s’agisse du terrorisme en Europe. »
Il fait un parallèle entre le phénomène d’islamophobie et Daech. « Certains islamophobes ont le même but que Daech c’est-à-dire dresser la population française contre les musulmans et provoquer du même coup une radicalisation chez un certain nombre de musulmans. ».
Dominique Vidal replace le débat sur le terrorisme sous l’angle structurel, c’est-à-dire en analysant en termes d’inégalités sociales et d’exclusion sociale. Les terroristes « veulent exprimer leur désir d’être antisocial, ils prennent des postures de fondamentalistes mas ce ne sont que des postures ». Il explique que le problème de la France ce n’est pas « le califat du désert syrien qui s’évaporera tôt ou tard comme un vieux mirage devenu cauchemar » mais « la révolte de ces jeunes ».
« il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam mais l’islamisation de la radicalité ».
La cause principale du terrorisme n’est pas la culture musulmane, en effet chez les terroristes la « culture musulmane est sommaire voir quasiment nulle, en fait ceux qui ont la culture musulmane la plus solide sont les moins susceptible de se retrouver du côté de l’État Islamique ». Mais la cause principale pour Dominique Vidal est « le refus des gouvernements successifs de réconcilier la France et sa jeunesse et notamment celle des quartiers populaire (…) rien ou presque rien n’a été fait ».
Leila Shahid explique sa difficulté de plus en plus grande à déchiffrer le monde. « J’ai vu la transformation d’un monde qui était pour moi intelligible, il y avait une logique il y avait des classes sociales, il y avait des contradictions régionales, il y avaient des contradictions internationales, je comprenais plus ou moins comment ça fonctionnait, je ne comprends plus rien (…) je crois que tout est politique dans la vie et donc je souffre de mon incapacité de déchiffrer, de déconstruire et donc je cherche tant bien que mal. »
En effet, les complications à déchiffrer le monde international amène Leila Shahid à penser au local. Elle souligne l’importance de militer dans son quartier « un travail qui commence dans leur ville, pas forcément un travail de grands discours, de grandes thèses ».
Les citoyens et citoyennes doivent s’occuper de politique, s’organiser entres eux pour se donner de la force collective pour résister et faire changer la société. « Ils ont la prétention d’être des citoyens qui se mêlent de politique, on a besoin de ce genre de citoyen qui considère que la politique est presque une exigence éthique de chaque citoyen et chaque citoyenne »
« L’auto-détermination c’est personne qui vous la donne, c’est vous qui la réaliser »
Il faut travailler localement mais sans oublier de tisser des liens entre tous, à l’échelle nationale et internationale « si on ne s’allie pas, on ne gagnera pas et nous devons gagner, nous devons établir des ponts les uns avec les autres »
« Il faut tisser, tisser c’est fantastique, c’est aussi , tisser le rapport à la mémoire, vous avez une mémoire de travailleurs qui ont quitter leur pays, qui ont construit ce pays, c’est vous qui êtes responsables du niveau de vie d’ici, vous les travailleurs d’Afrique et d’Afrique noire et aujourd’hui culpabiliser cette population en continuant à l’appeler la 4eme génération comme si il fallait que l’on continue à être « des générations » pour ne pas être « des français » est inadmissible »
Ce débat pose une analyse de la situation des immigré.e.s et de leur enfants en France en liant une analyse nationale et internationale. Mettant en lumière un contexte raciste et d’exclusion sociale de plus en plus important, ce débat ne se laisse pas aller dans un pessimiste peu constructif mais met en avant la détermination à résister ensemble pour faire changer notre société …
« Il faut que l’on se batte, mais il faut que l’on se batte ensemble »
Enregistrement sonore du Débat
« Les banlieues, le Proche-Orient et Nous…10 après »
Avec Leila Shahid et Dominique Vidal
durée : 1’10’00
Enregistrement sonore des Questions/Réponses du Débat
« Les banlieues, le Proche-Orient et Nous…10 après »
Avec Leila Shahid et Dominique Vidal
durée : 46’19