« Changer en echangeant sans craindre de se perdre. » Edouard Glissant

Le débat du Samedi 8 octobre 2016 lors de la 13e édition du festival Origines Contrôlées avec Kaoutar Harchi et Hourya Bentouhami pour discuter autour du thème « En français dans le texte… et dans les têtes?  »

 

Kaoutar Harchi parle de son livre « Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve” dans lequel elle aborde la question de la reconnaissance sous l’angle de la reconnaissance littéraire. Elle analyse la métamorphose qui consiste à passer de quelqu’un qui écrit à quelqu’un écrivant. Son livre à travers le parcours de cinq écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Kamel Daoud et Boualem Sansal) cherche à comprendre ce que signifie d’être reconnu comme écrivain.

Kaoutar explique que « au delà des particularités, des expériences de chacun, on retrouve des trajectoires communes et notamment un rapport de domination d’une institution qui codifie, qui régie, atteste avec des critères très précis ce qu’est un grand écrivain »

Ces écrivains sont alors dans quelque-chose de dynamique et constamment en mouvement ainsi ils développent des stratégies individuelles pour rentrer en rupture avec l’institution et/ou développer d’autres stratégies de reconnaissance.

Cette reconnaissance est alors définie par Kaoutar Harchi  comme une « disqualification qualifiante c’est à dire pour pouvoir être requalifier, reconnu, il faut accepter en quelque sorte les termes de la disqualification des siens ».

Hourya Benthouami explique que les sujets postcoloniaux ont des identités fragmentées  ; « la manière de s’aimer et d’être aimer est conditionné par la honte des siens ».

Hourya Benthouami et Kaoutar Harchi parlent de la colonisation des esprits ;à savoir la manière dont on est encore habité et traversé par cet héritage colonial et notamment de manière inconsciente.

La question posée est donc « Comment accéder à une reconnaissance qui ne soit pas dans les termes de ceux qui nous disqualifient » .

Hourya Benthouami affirme qu’il faut s’organiser politiquement pour pouvoir apprendre à s’aimer soi même et à lutter contre le fait de devoir expliquer que nos expériences vécues sont réelles .

« Les identités sont de fait créolisées, elles sont hybrides »

Maintenant on est incapable de dire ce qui ressort d’une identité plutôt que d’une autre – « quand on en vient à ce moment là, de l’impossible binarisation des identités , il y a quelque chose de l’ordre d’une réussite de ce qu’est le pluralisme culturelle », Hourya Benthouami

 

Mais malgré la créolisation déjà bien avancée, Kaoutar Harchi explique « qu’il y a chez nous en France des amas qui souhaitent demeurer attachés à une sorte de définition très racialisante de ce que serait un français » . Cette définition est cependant portée par une poignée de personnes qui malheureusement détiennent une place importante sur la scène publique.

 

Le débat se finit sur des notes d’espoir…

« Moi je ne suis pas du tout inquiète, tout ce qui arrive est d’autant plus beau, plus grand que ce qu’ils craignent. Je vois surtout leur limites à eux, nous qui sommes ici, qui croyons en des valeurs d’émancipation, d’affranchissement, d’élévation par la culture, moi je n’ai pas peur pour nous » Kaoutar Harchi

Débat "En français dans le texte ... et dans les têtes?"

Enregistrement sonore du Débat « En français dans le texte … et dans les têtes? »
Avec Kaoutar Harchi et Hourya Bentouhami

durée : 39’35

Questions/ Réponses_Débat "En français dans le texte ... et dans les têtes?"

Enregistrement sonore des Questions/Réponses du Débat
« En français dans le texte … et dans les têtes? »
Avec Kaoutar Harchi et Hourya Bentouhami

durée : 1’03’00

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