« Changer en echangeant sans craindre de se perdre. » Edouard Glissant

Du 28 Novembre au 3 Décembre

 

 

Programmation du festival

  • Débat- rencontre « 30 ans de luttes de l’immigration… »

Mouvements des travailleurs Arabes, marches pour l’égalité, luttes de sans papier, engagements quotidiens… Etat des lieux de la situation sociale et politique des Français issus de l’immigration post coloniale. Bilans et perspectives.

Avec : Dominique Vidal : co-auteur du livre « Le mal être arabe », rédacteur en chef du Monde Diplomatique. Mogniss H. Abdallah : journaliste, producteur de films documentaires (Douce France ; La Ballade des sans-papiers, le Syndrome de Hoyerswerda), dirige l’agence de presse Im’média, auteur de « J’y suis, j’y reste, les luttes de l’immigration depuis les années 60 ».

  • Débat- rencontre autour de la « Loi du 23 février 2005… » en partenariat avec La Ligue des Droits de l’Homme de Toulouse.

Le Parlement français adopte une loi, dont l’article 4 prévoit que : “ Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. ” Devant la polémique soulevée par cet article de loi, plusieurs interrogations s’imposent : Quelle histoire de la colonisation (et de la décolonisation) enseignons-nous aujourd’hui ? Pour qui cette histoire (scolaire) de la colonisation est-elle importante ? Quels sont les groupes de mémoire qui sont mobilisés derrière cette forme de « reconnaissance » officielle ? Doit-on, comme cela fait débat actuellement, enseigner plus ou différemment l’histoire coloniale devant des élèves, eux-mêmes issus de ces colonies ? Enfin, quel rôle peut avoir l’Etat devant ce type de débat ? Doit-il laisser travailler librement les historiens ou leur donner de grandes lignes directrices qui répondraient à un besoin politique ponctuel (une sorte d’histoire officielle) ? Avec : Gilles Manceron : historien, rédacteur en chef de la revue de la Ligue des Droits de l’Homme, Hommes et Libertés, auteur de nombreux ouvrages, dont Marianne et les colonies, une introduction à l’histoire coloniale (juin 2005).

  • Débat- rencontre Avec Rachid Merabet : réalisateur de « SLIMANE AZEM – une légende de l’exil « . Hamid Salmi : auteur de « Ethnopsychiatrie – Culture et identités ».
  • Débat- rencontre « …Mémoire de l’esclavage, histoire coloniale… »

Le débat est vif autour des trahisons de la République à ses propres principes. Au delà des discours lénifiants sur les valeurs de la République, est-ce que le travail sur l’histoire contribue à restaurer ses valeurs ou à les enterrer ? Avec Christiane Taubira : députée (PRG) de Guyane. Elle a donné son nom à la loi française, votée le 10 mai 2001, qui reconnaît comme crimes contre l’humanité la traite négrière transatlantique et l’esclavage qui en a résulté. Karfa Diallo : Président de DiversCités (Mémorial de la traite des noirs sur Bordeaux)

  • Débat- rencontre Sexisme dans les quartiers, jeunes filles voilées…

Ces thèmes sont l’objet de nombreux débats autour des questions féministes. Implicitement ou explicitement, les populations issues de l’immigration post coloniale et notamment les hommes, mais aussi les femmes sont parfois désignés comme responsables d’un sexisme particulier. Avec : Nacira Guénif : sociologue et anthropologue, auteure : « Des Beurettes aux descendantes d’immigrants nord-africains », « Les Féministes et le garçon arabe »

  • Projection du film d’Abdenour Zahzah « Frantz Fanon, mémoire d’asile »

Soirée « Hommage à Frantz Fanon »

Né Martiniquais, Frantz Fanon a vécu Algérien. Quand il s’éteint le 12 décembre 1961 aux Etats-Unis, ce combattant de la liberté, théoricien de l’anticolonialisme, laisse derrière lui des écrits qui influenceront de nombreux intellectuels du Tiers-Monde. Mais le combat de Fanon ne visait pas seulement la libération de l’homme noir ou du colonisé. Il cherchait à libérer l’homme.

  • Projection en avant première en partenariat avec les films de la castagne. « SLIMANE AZEM – une légende de l’exil « . De Rachid MERABET.
  • « 17 OCTOBRE 1961. 17 ILLUSTRATIONS. »

Reproductions de dessins de 17 illustrateurs donnant leur vision du 17 octobre 1961. Le 17 octobre 1961, lors d’une manifestation non-violente contre le couvre-feu qui leur était imposé, des dizaines d’Algériens étaient assassinés à Paris par des fonctionnaires de police aux ordres de leurs supérieurs. Chaque année, avec comme point fort la date anniversaire du 17 octobre un long travail de sensibilisation et d’interpellation est accompli. Aujourd’hui grâce aux enquêtes, aux témoignages, aux publications, personne ne conteste plus la réalité de cet événement aussi tragique que scandaleux. L’expression est donné à 17 talentueux illustrateurs, pour la plupart de presse, afin qu’ils livrent selon leur identité et leur sensibilité, leur approche de cet événement.

  • « LES VOITURES CATHÉDRALES »

Les photos présentées pour la communication de ce festival sont tirées de l’exposition du photographe Thomas Mailaender. Il propose une série de douze images représentant des « voitures cathédrales ». Ce terme générique a été inventé par les dockers du port autonome de Marseille. Il désigne les véhicules qui permettent d’acheminer, par bateaux, des tonnes de marchandises à travers la Méditerranée, depuis Marseille jusqu’au Maghreb. En constant transit entre deux territoires, le nord et le sud, ces containers sur quatre roues sont une matérialisation évidente du concept de la frontière et des frottements culturels qui en résultent.

Pour évoquer l’édition 2005, du festival « Origines Contrôlées » et en tirer un bilan, il est impossible d’isoler la manifestation du contexte dans lequel elle s’est déroulée. En effet, le festival a eu lieu à peine un mois après les évènements violents qui ont secoué la France en novembre 2005. Il est évident que cette situation a percuté de plein fouet les différentes thématiques du festival.

Ces émeutes (que l’on pourrait qualifier de révoltes) ont été plus surprenantes par le caractère national qu’elles ont eu, que par leur nature. Malheureusement, pour ne prendre que l’exemple toulousain, ces incidents ne sont pas une première et déjà au mois d’avril 2005, le Mirail avait connu le même niveau de tension. Celles et ceux qui vivent ou travaillent dans ces quartiers connaissent les réalités de vie et alertent régulièrement sur la dégradation de la situation. A une situation sociale et économique déjà dramatique, s’ajoutent les carences en interventions sociales, éducatives et culturelles et la baisse des crédits affectés à ces quartiers. On doit évoquer également, la question des discriminations subies par les jeunes français issus de l’immigration.

Pour bien comprendre le niveau de tension que nous avons connu, il faut avoir conscience de l’ampleur du phénomène, qui est vécu par beaucoup comme un véritable système qui interdit l’accès à un emploi stable, sans lequel il est difficile d’envisager un projet de vie. Les raisons cumulées (chômage, précarisation, racisme, ségrégation urbaine, scolaire…) ont produit une violence sociale vécue qui a engendré une bombe à retardement, qui n’attendait plus que son détonateur. Les moyens choisis par les jeunes pour exprimer leur colère ne sont évidemment pas les bons et ne doivent pas être cautionnés, mais la surprise ne pouvait pas être totale.

Au-delà de ces explications, il faut reconnaître également que, ces mêmes acteurs doivent se sentir interpellés par ces événements et que les grilles d’analyses des causes profondes de cette éruption de colère et de violence sont à élaborer en détail et surtout à partager. Un des éléments d’analyse qui semblent particulièrement importants à prendre en compte est l’absence de relais efficace pour organiser, et relayer la parole des jeunes. Aucune organisation quelqu ‘elle soit (associative, politique, institutionnelle, ou même religieuse) n’a été en mesure de se positionner comme relais potentiel (exception faite de telle ou telle situation locale).

Au-delà des faits eux-mêmes, ces émeutes dans les banlieues populaires illustrent l’immense besoin d’expression de toute une population marginalisée depuis des décennies.

Elles mettent en lumière la nécessité de construire une nouvelle dynamique dans ces quartiers, sans laquelle la ségrégation spatiale, économique et politique s’accentuera pour produire de nouvelles tensions. Contrairement à l’idée répandue du « désert politique » des quartiers populaires, et à la caricature de certains discours politiques sur la nature ethnique des problèmes, ces quartiers et leurs habitants sont riches d’histoires et de traditions d’engagements. Après plus de trente années d’expériences politiques, associatives dans ces quartiers, celles-ci doivent être révélées et valorisées pour construire une culture politique qui manque cruellement dans les cités. Un des enjeux politiques majeurs est celui de la transmission d’une histoire politique des banlieues et de l’histoire de l’immigration largement méconnue par les plus jeunes mais aussi par une grande partie de la société. C’est à cette tâche que le festival « Origines Contrôlées » tente modestement de contribuer.

 

 

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