« Changer en echangeant sans craindre de se perdre. » Edouard Glissant

Du 8 au 16 octobre 2004

Divers lieux :

TNT / Théâtre des Mazades / Maison de Quartier de Bagatelle/ Fnac Wilson

 

Programmation du festival

  • « Mémoire, Immigration colonisation en débat »
    Avec : Didier Daenincks,(auteur) Pascal Blanchard, historien, (ACHAC), Françoise Vergès, historienne, Sophie Duluc, historienne (Laboratoire Diasporas), Saïd Bouamama, sociologue
  • « Quels lieux pour une histoire plurielle (Colonisation, immigration, Outre-Mer) ? »
    Avec : Patrick Cabanel, historien, directeur du laboratoire Diasporas , Driss al Yazami (revue Migrances), Françoise Vergès, historienne, Nicolas Bancel historien (ACHAC), Fadela Benrabia, FASILD Nord Pas de Calais.
  • Stéréotypes et représentations
    Avec : Laure Teullière, historienne (Labo Diasporas), Driss al Yazami, (Migrances), Saïd Bouamama, sociologue, Pascal Blanchard, historien, (ACHAC)
  • Médias et Immigration
    Avec : Sandrine Lemaire (historienne), Edouard Pellet (délégué intégration de France Télévision), Armelle Arfaoui (journaliste TF1), Marc Cheb Sun (Respect Magazine)
  • Rencontre sur la mémoire partagée
    Avec : Jean Mouttapa, et Ida Grinzpan et Les Scouts musulmans de France.
  • Mémoire Vagabondes. Histoire de l’immigration : de l’oubli à la commémoration Journée d’étude de l’équipe DIASPORAS

Animée par Laure Teulières (historienne) Samia Messaoudi (écrivain), Jean Jacques Jordi (Historien), Daniel Welzer-Lang (sociologue), Guy Pervillé (historien)

CHEIKHA RIMITTI : world raï

BAAZIZ : folk, salsa, rock

MAGYD CHERFI : chanson française

DE LA STREET : raggahiphopakoustik

LOBI TRAORÉ : world blues

AMKOULLEL : rap malien

CORNEILLE : soul music

RIDAN : nouvelle scène française

OXMO PUCCINO : rap hip-hop

KRYSALID

RACHID TAHA : world raï rock

BAMS : rap’n’soul hip-hop

SLAM ô FEMININ , et les meilleurs amis des mots : Poésie urbaine  Avec le soutien de Hassan Essamzani (metteur en scène), un micro ouvert a été mis en place. Ainsi après le spectacle, de nombreuses personnes ont pu dire ou jouer des textes de leurs choix sur le thème de la différence. Cette proposition a connu un franc succès.

Devoir de mémoire -17 Octobre 1961 Le silence du fleuve de Mehdi Lallaoui.

Exposition photos de Polo Garat « Western africain » Road Movies en Afrique de l’ouest

Le projet est de créer un festival politique et musical porteur d’une mémoire citoyenne sur les questions dites de « l’intégration ».C’est ainsi que les festivals « Ça bouge au nord », puis « Ça bouge encore » sont nés et ont connu un succès populaire, musical et citoyen. Cette année le festival « ça bouge encore » va plus loin dans son thème originel. L’objectif de cette approche n’est pas de répondre à des questions économiques et sociales par une approche culturelle, mais de réintroduire au sein des quartiers et de la ville, à travers l’initiation ou la mise en place de projets culturels, des logiques de coopération et de succès.

Les discriminations trouvent leurs origines dans le passé colonial de la France.

Au moment où le débat sur la “ discrimination positive ” traverse le pays, dans le prolongement de l’étude publiée en janvier 2004 par l’Institut Montaigne, il est étonnant de voir que la quasi-totalité des observateurs et des médias n’ont pas relu la première partie de ce texte sur « Les oubliés de l’égalité des chances ».

On peut rappeler quelques extraits de cette étude : la commémoration nécessaire de la “ mémoire des peuples des colonies et de l’outre-mer… ” ou en matière de passé colonial, “ la République ne saurait tolérer pareilles occultations ”, mais surtout qu’il serait nécessaire “ d’accomplir l’indispensable devoir de mémoire sur le passé colonial de la France ”… Les cinquante première pages sont dans le même registre : l’origine coloniale d’une “ discrimination ” à la française.

Revenir sur ce passé n’est donc pas simplement faire œuvre d’historien, c’est agir sur le présent et sur une situation qui, aujourd’hui, est au cœur des enjeux de la société française.

Ce constat est, à la base, de la rencontre, d’acteurs associatifs sur Toulouse, et d’historiens, spécialistes de l’histoire coloniale [1]. C’est la croyance partagée d’avoir une histoire commune et donc une mémoire à construire ensemble…

Une réflexion collective

Après différentes études, des séminaires et des conférences sur Toulouse, cela a donné naissance, du 8 au 16 octobre 2004, au festival Origines Contrôlées. Musiques, cultures, conférences, débats, expositions, films…, pour mettre en perspective ce besoin d’une mémoire partagée, au moment où cette mémoire fait émerger des frustrations anciennes. Ce qui fait débat depuis 50 ans en France nous a conduit naturellement à nous interroger.Près de 9 millions de Français ont un de leurs ascendants au moins (sur trois générations) né outre-mer. Pied-noir, maghrébin, Antillais, Juif d’Afrique du Nord, Harki, Cambodgien, Kanak, Chinois vietnamien… Autant de destins qui ne peuvent être détachés de leurs origines spécifiques.

Sauf à penser que l’histoire ne fonde pas notre notre identité collective, il nous semble évident que ce qui nous lie, c’est cette longue histoire commune et de vivre ensemble dans la France d’aujourd’hui.

C’est une évidence que les discriminations ou les difficultés d’insertion en France touchent plus particulièrement les populations issues de cet ex-domaine colonial. Nous avons affaire à une véritable fracture qui gangrène la société française et la République. On ne peut plus se voiler la face en pensant que “ le temps qui passe ” va refermer cette page de notre histoire… De toute évidence, la “ mémoire de l’immigration et la mémoire coloniale “ en France pose des questions complexes. Nous en sommes parfaitement conscients. Cela resterait un “ grand débat ” d’historiens, s’il n’y avait pas en France des populations issues directement de cette histoire, si les “ oubliés ” de l’égalité des chances n’étaient pas, dans leur grande majorité, issus de l’immigration… Nous avons aussi conscience que la mémoire réécrit l’histoire, l’adapte, la conforme à ses propres possibilités de réception. Tout savoir historique est donc implacablement soumis à ce travail de (ré) interprétation qui, seul, permet de rendre audible et d’incorporer, en les transformant, de nouveaux savoirs.

Rêver, par conséquent de rendre la mémoire accessible à la vérité historique renvoie à un songe creux, à une utopie qui rend impossible concrètement l’accès à l’histoire.

Le piège d’une “ militance de la mémoire coloniale “ serait de ne pas tenir compte de ces conditions de formation de la mémoire et des conditions sociales particulières de réception. Tous ces pièges nous les avons en tête, mais il faut savoir les contourner, avec vigilance, pour construire les décolonisations nécessaires des mentalités. Il faut saisir ce que la mémoire coloniale et de l’immigration en général remet en question dans nos référents identitaires. Le premier de ceux-ci, nous semble-t-il, est la République, plus précisément les valeurs et l’idéologie sur lesquelles elle repose.. Ceci nous amène tout naturellement à un autre point aveugle, également héritage d’une mémoire inassumée : les relations intercommunautaires et les débats incessants (et cycliques de façon générationnelle) sur l’intégration et son double omniprésent les discriminations. Cela procède largement, pour les populations issues de cette histoire et non pour celles qui en sont totalement distinctes, des représentations de l’Autre colonisé, tissées pendant plus d’un siècle d’histoire coloniale. Socialiser l’histoire coloniale permettrait donc de comprendre et de déconstruire les fondements de cet imaginaire et, par conséquent, de le dévitaliser.

Cette histoire est la nôtre

Soyons clair, et cette mémoire risque d’être manipulée, retournée contre la république qui n’a pas su pacifier cette mémoire.

Conclusion, certains en viennent à trouver dans l’histoire coloniale l’explication magistrale de leur destin. Si on n’y prend garde, dans dix ans, l’histoire coloniale et les mémoires manipulées – qui en seront le fruit -, serviront de démonstration parfaite pour remise en cause de la République. Laisser aux islamistes et au Front national la relecture de ce passé, c’est creuser à moyen terme la tombe de la République. On ne fera pas l’impasse d’un travail en profondeur. Cela fera par moments mal, mais c’est inévitable.

 

Suite à cette première édition, est née l’idée de la revue « Origines Contrôlées », dont l’objectif était de rendre compte et de prolonger les débats initiés pendant le festival.

Retrouvez les problématiques abordées au cours des débats du festival dans la revue N°1

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