« Changer en echangeant sans craindre de se perdre. » Edouard Glissant

25, 26 et 27 mars 2016

Centre Barbara Fleury Goutte d’Or à Paris

 

Programmation

17h30 Ouverture / Introduction des journées – Soirée de Lancement

18h-20h | « Quartiers et Culture(s): quel héritage artistique et culturelle ? »

Cette table ronde introductive questionnera l’héritage d’une génération d’artistes qui aujourd’hui prend la plume, tient la caméra ou s’emparent du micro pour perpétuer la prise de parole artistique qui naît des mobilisations citoyennes des quartiers au cours de ces trente dernières années.

Modération : Salah Amokrane (Coordinateur de Tactikollectif) et Naïma Yahi (Directrice de Pangée Network – Chercheur associé URMIS / université de Nice-Sophia Antipolis)

Hamé Bourokba (Groupe La Rumeur et cinéaste)
Kaoutar Harchi (écrivaine et chercheure associée au Cerlis – Université Paris Descartes)
Mustapha Amokrane (Groupe Origines Contrôlées/Zebda)
Hocine Ben (Slameur)
Nacira Guénif-Souilamas (Professeure – Université Paris VIII Saint-Denis))

« Dispositifs publiques et autonomisation de la création culturelle des quartiers populaires »

Cette seconde journée tentera de lister les ingrédients qui ont été nécessaires à l’avènement des cultures urbaines dans l’espace public et médiatique. Il s’agira également de cerner les caractéristiques des grandes politiques publiques mises en œuvre au cours des trente dernières années en faveur de la création culturelle dans les quartiers. Nous en déterminerons les limites et les écueils, tout en rappelant les grandes réalisations, et les phénomènes d’opportunité pour de nombreux artistes. Nos invité-e-s poseront également les jalons nécessaires à la réappropriation mémorielle des grands mouvements d’émancipation culturelle que constituent les festivals de banlieue comme Rock Against Police, Y’a d’la banlieue dans l’air, ou encore la Caravane des quartiers…

14h-16h | Les festivals de Banlieue : autonomisation culturelle et luttes politiques

Modération : Samia Messaoudi (journaliste et militante)

Avec Salah Amokrane (Tactikollectif), Yasmina Kherfi (Vivons ensemble/Caravane des quartiers), Joss Dray (Photographe / Caravane des quartiers), Mustapha Harzoune (journaliste).

16h-18h | Les politiques publiques en faveur de la création dans les quartiers : bilans et perspectives

Modération : Salah Amokrane

Avec Angeline Escafré-Dublet (Maître de conférences – Université Lyon 2 Louis Lumière), Frédéric Callens (CGET)

18h30-20h | Hommage à Djamel Khelfaoui – avec Tarek Kawtari ( MIB / FSQP / Echos des cités) et projection de « Cheb Hasni, je vis encore » de Djamel Khelfaoui.

21h | Concert

Mouss et Hakim présentent « AOC, Acoustiques Origines Contrôlées »

En juin 2016, Mouss & Hakim, présenteront à Moissac un spectacle en hommage au chanteur Slimane Azem. Lors de cette soirée, ils proposeront un avant-goût de ce cheminement musical qui donnera à découvrir une partie de l’œuvre de Slimane Azem, et de rendre hommage à ces artistes de l’exil qui nous permettent d’éclairer notre histoire et d’assumer la pluralité de nos héritages culturels. C’est aussi le lien qui existe entre leur père et Slimane Azem, entre eux et leur père, entre la France et l’Algérie qui est ici révélé…

Toukadime DJ Set

Collectionneurs de vinyles passionnés, Bachir et Krimau sont deux dj rouannais à l’origine du projet « Toukadime ». Les amis travaillent à la valorisation d’un patrimoine silencieux, en concevant des dj sets à partir de disques nord-africains des années 1950 à 1970…

« Processus de légitimation et patrimonialisation des productions culturelles et artistiques des quartiers »

Cette dernière journée mettra en lumière le dynamisme de la production cinématographique et de la chanson, disciplines éminemment populaires qui accompagnent cette effervescence culturelle des quartiers. Les débats aborderont l’image des quartiers au cinéma, et la filmographie de ce que l’on a appelé le cinéma des banlieues. Nous conclurons cette journée sur un débat portant autour des enjeux de patrimonialisation de la chanson de l’exil, répertoire populaire de l’immigration installée durablement dans les quartiers populaires depuis la fin des bidonvilles (années 70).

14h-16h | Les quartiers populaires au cinéma

Avec Rabah Ameur Zaïmèche (réalisateur, acteur et scénariste), Majid Eddaikhane (producteur), Jean-Pierre Thorn (réalisateur), Hamé Bourokba (rappeur et réalisateur), Baya Kasmi (réalisatrice et scénariste).

16h-18h | Du chant de l’exil aux cultures urbaines : enjeux de patrimoine

Modération : Naïma Yahi

Avec Mustapha Amokrane (Origines Contrôlées/Zebda), Rocé (rappeur et directeur artistique), Maître Madj (Ex-Assasin Prod /DJ), Bachir et Krimau (Toukadime / DJs).

EDITO

Un mouvement qui ne dit pas son nom…

Dès les premières vagues d’immigration, y compris pendant la période coloniale, les artistes ont joué le rôle de porte-parole des immigrés, au statut d’indigène, très mobilisés politiquement mais tenus éloignés de l’égalité républicaine. Luttes ouvrières ou luttes de libération, les combats sont bien là dès la première moitié du XXe siècle.

À la suite, leurs héritiers, descendants d’immigrés et habitant-e-s des quartiers populaires, ont perpétué cette tradition d’une mobilisation pour les droits civiques, humains mais aussi culturels, étroitement liés à chaque étape conquise vers plus d’égalité.

Dans les années 1980, les acteurs culturels, comme les artistes, plus singulièrement quand ils sont issus de l’immigration, participent aux mouvements de lutte pour l’égalité et posent de suite la question de l’accès à l’expression culturelle des habitant-e-s des quartiers populaires. En guise de réponse, les pouvoirs publics mettent en place la « Politique de la Ville » qui oppose un traitement spécifique à ces territoires, y compris dans la prise en compte de leur expression artistique et culturelle. Les politiques publiques en direction des populations étrangères s’opposent à une patrimonialisation des apports culturels des populations immigrées, très fortement implantées dans les quartiers populaires.

Conçues autour de l’idée que la présence des populations immigrées post-coloniales n’avait qu’un caractère provisoire, sous-tendues par la pensée d’une incompatibilité culturelle encore mobilisée aujourd’hui dans les discours politiques de tout bord, les politiques françaises d’immigration, et ensuite d’intégration, ont été pensées hors du droit commun.

Aujourd’hui, l’idée persistante selon laquelle le multiculturalisme est un échec, tout comme le racisme institutionnel, éloignent de fait la possibilité de valoriser sereinement le patrimoine culturel de l’immigration. Culture à la fois populaire et métissée, ces expressions qui mêlent des apports artistiques et linguistiques immigrés à des cultures populaires, ouvrent un chantier riche et fécond, qui fera ici l’objet de rencontres, réunissant acteurs, chercheurs et artistes témoignant de plus de trente ans de création dans les quartiers.

Plusieurs sujets seront abordés au cours de ces trois jours : la question de la transmission patrimoniale, la participation de ces cultures au patrimoine national français, comme à ceux des pays d’origines de ces diasporas, ou l’occupation d’une place autonome dans le paysage politique français… Dans la quête d’un front commun autonome, tentative encore non aboutie aujourd’hui, la dimension artistique semble avoir été négligée.

Cette première étape doit permettre de poser les fondements d’une action commune en faveur d’une valorisation de la création artistique et culturelle produite par les populations immigrées et leurs descendant-e-s dans les quartiers depuis plusieurs décennies.

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